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Avenir Coaching
30 décembre 2013

Le silence en coaching

S'il est un outil central en coaching, c'est probablement le silence...silence

Le silence est essentiel en coaching car il laisse la place au coaché. Et l'une des difficultés pour le coach est justement de tenir ce silence...


Voici ce qu'en disent Florence Lamy et Michel Moral dans "Les outils du coach" :

"Le silence du coach oblige le coaché à imaginer ce qu'il peut bien signifier. Alors qu'un des messages du coach est que l'implicite ou le sous-entendu créent une rupture de la communication préjudiciable à une une saine relation avec autrui, il utilise justement le silence qui, dans notre civilisation occidentale, est souvent perçu comme gênant, voire agressif. Si d'autres cultures le voient comme un signe de respect ou comme un espace laissé à l'autre pour construire sa réponse, les Européens ou les Américains, en effet, le redoutent; mais l'anxiété qu'il suscite peut être structurante.

[...] le vide que laisse le coach en ne disant rien peut permettre la mise au jour de problématiques jusque-là écartées et encourager le coaché à "sortir ses tripes"."


Alain Cardon consacre un chapitre entier sur le silence en coaching dans son ouvrage "L'art véritable du Maître Coach" :

"Pour le maître coach, la fonction de silence ne consiste pas seulement à se taire à des moments stratégiques. Elle repose sur une attitude fondamentale qui doit imprégner l'ensemble du déroulement d'une séance de coaching, voire d'une session et même de tout le parcours d'accompagnement.

La disponibilité inconditionnelle du coach au sein d’un espace silencieux et la présence attentive qu’il offre au client au cours d’un entretien sont là pour agir comme le vide créé au sein d'un aspirateur.  Puisque le vide appelle le plein, ce vide créé par le silence attentif du coach sert à aspirer les pensées, les émotions, les motivations, les intuitions, les inspirations voire les aspirations les plus profondes du client.

Ce n'est qu'au sein de ce vide accueillant que le client peut véritablement se chercher, se développer puis s'épanouir. Si le client achète une compétence précise à un coach, c’est sa capacité à créer un volume, voire un univers vide de toute influence au sein duquel il va pouvoir se trouver, se définir, se déployer et se conjuguer, totalement libre d'influences externes.  Bien entendu, afin de pouvoir offrir cet espace de liberté, voire ce vide à son client, le coach doit lui même d’abord faire son propre ménage intérieur.  Alors qu'il écoute le client, le coach doit s’abstenir d'encombrer l'espace commun avec ses propres pensées, ses émotions, ses connaissances, ses projets ou ses solutions. Comme un espace sidéral, le vide ainsi offert au client est sans odeur et sans saveur, sans distinction aucune, sans haut et sans bas, sans intérieur ni extérieur, inclusion ni exclusion. Simplement chaleureux, cet espace est totalement vierge de toute information. [...]

Pour un maître coach, c’est l’ensemble de la relation avec le client qui se fait sous un vide presque permanent, une aspiration constante.  Par conséquent, la fonction d’aspiration est presque une définition de la relation de coaching.  Le silence et le vide que le maitre coach propose ne sont plus une technique mais font partie de l’ensemble de la présence attentive, à la fois puissante et exigeante, accordée au client.

Soulignons ici que la pertinence de presque toutes les autres compétences essentielles du coach professionnel - savoir poser des questions puissantes, reformuler, voire répéter un mot clé - se mesurent aussi au vide qu’elles permettent de provoquer chez le client.  Une question puissante, bien formulée au moment opportun pour le client sera généralement suivie d’un long silence au cours duquel celui-ci se sonde, se cherche, et réfléchit. Et ce silence est recherché. Il ne doit surtout pas être interrompu.

Une bonne question provoque donc le silence du client, accompagné par le coach.  Plus la question du coach est bonne, plus le silence du client se fait long et profond.  A l’opposé, il est souvent possible d’affirmer qu’une question à laquelle un client répond sans hésitation est probablement une question sans aucun intérêt, en tous cas pour le client.  Puisqu'il  en connait déjà la réponse, la question ne lui apporte en effet rien de nouveau. 

Lorsqu’un client sait immédiatement répondre à son coach, son intervention peut être considérée comme simplement incrémentale ou informative.  Lorsqu’au lieu de répondre à une question, le client plonge dans une réflexion profonde et silencieuse, c’est là que le coach peut encore davantage se taire et recommencer à réellement écouter.

Par conséquent, la présence silencieuse du coach mérite d'être plus appuyée ou plus dense et intense lorsque le client se tait.  En silence, le client se cherche souvent beaucoup plus profondément que lorsqu'il s'exprime et comble l'espace de la relation.  Il s’ensuit que plus le client est véritablement en relation de coaching, plus le coach est silencieux.  Et vice versa.

Pareillement, lorsqu’occasionnellement, le coach reformule une phrase du client, lorsqu'il relève une de ses expressions ou encore lorsqu'il répète avec interrogation un mot clé, ce n'est pas tant pour en savoir plus mais surtout pour aider le client à s'interrompre pour réellement s'entendre et recommencer à plus profondément s'écouter. 

Nous pouvons en conclure que les meilleures interventions du coach servent essentiellement à interrompre le client et à le ramener à son silence ou à sa réflexion.   Lorsque le client parle, il n’exprime que ce qu'il sait déjà.  Il explique au coach.  Lorsqu'il se tait et réfléchit, c'est qu'il se cherche de nouvelles images, des mots qui lui sont inconnus, c’est qu'il ose s'aventurer hors de son univers habituel afin de saisir des formes qui jusque-là lui avaient échappé. C'est dans ces moments de silence intensif que le client cherche à se créer de nouvelles synapses.

Les interventions d'un maître coach servent beaucoup plus à créer un silence qu'à provoquer son remplissage, plus à interrompre qu'à diriger, plus à stopper le client dans son élan rassurant qu'à le soutenir dans une décision trop rapide ou un plan d’action trop évident.

Le coaching est essentiellement une approche interruptive qui fonctionne par aspiration. C'est pour cette raison peut-être que le coach est réputé ne jamais pousser son client pour le faire avancer.  Fondamentalement, le coaching fonctionne par aspiration plutôt que par traction ou propulsion.

Voici enfin une magnifique interview d'Alain Cardon sur le silence en entretien de coaching : blogpersonalbranding.com/2013/04/video-

 

 

 

 

 

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